Epilogue

Une semaine après la terrible bataille du mont Fuji…

Oedo Onsen Monogatari, à Odaiba.

Cet établissement n’était pas qu’un simple bain public. C’était un centre de détente avec un petit village reconstitué de l’ère Edo et nombre d’activités récréatives et de boutiques.

Sans avoir informé leurs chefs, les agences Tentakool et NyuuStore avaient décidé d’une sortie en commun pour célébrer leur victoire.

On leur avait mis à « disposition » un bassin en vertu de leur condition de mahou senjo, mais on pouvait se demander si c’était un privilège ou simplement si les autres usagers préféraient se tenir loin d’un si grand groupe de magiciennes.

Pendant que les filles de NyuuStore se changeaient à l’insu d’Elin…

—  Allez, personne te mate, Shi-chan ! cria Irina en poussant cette dernière.

Enveloppée dans une serviette de bain, Shizuka tremblait et avait les larmes aux yeux. Elle était incroyablement gênée.

Elle avait eu beau accepter la proposition de Vivienne et d’Hakoto, à présent qu’elle se trouvait confrontée à la situation, la réalité lui revenait en face : elle détestait les onsen !

En raison de sa pudeur, depuis toute petite, elle avait toujours évité ce genre d’endroits. Sa mère s’était souvent moquée d’elle en lui disant qu’elle n’était pas une « Japonaise exemplaire », ce à quoi elle avait toujours rétorqué qu’elle n’était « pas japonaise, mais kibanaise ».

Après avoir accepté l’invitation d’Hakoto, la veille, elle avait contracté un tel niveau de stress qu’elle n’avait pu fermer l’œil de la nuit et avait même élaboré une stratégie pour annuler sa présence. Mais Yog-kun l’avait trahie et elle n’avait pu mettre son stratagème en application.

— Maudit sois-tu, Yog-kun !!! s’écria-t-elle en essayant vainement de fuir la force absurde d’Irina.

— Allez, Shi-chan ! Fais pas ta mauviette !

Sur ces mots, Irina tira un coup sec sur la serviette de la jeune femme qui se mit à tourner telle une toupie et tomba dans le bassin.

— Vous allez bien, Shizuka-san ? Cette sauvage n’aurait-elle point atteint votre honneur qu’il nous faille exiger réparation ?

Mais Shizuka ne put donner une réponse immédiate, elle avait été rattrapée dans sa chute par les bras de Vivienne et sa tête reposait de fait sur sa poitrine. Elle ne pouvait savoir si sa tête tournait à cause d’Irina, ou à cause de la chaleur de l’eau, ou à cause de ce contact doux et gênant.

— Ehhh !! En profite pas, toi ! Moi aussi j’veux un bout de Shi-chan !!!

Irina, sans aucune gêne, exhibait son corps à la peau blanche d’albâtre où s’éparpillait sa longue chevelure de neige. Bien sûr, ce qui rendait jalouse la noble Vivienne était surtout ces opulents seins qui s’agitaient à chacun de ses mouvements.

Le regard de Vivienne s’assombrit alors qu’elle raffermissait sa prise sur Shizuka.

— Dégage de là, Iri-chan, dit Elin derrière elle. Tes grosses fesses me cachent la vue.

— Eh oh !!! Elieli, depuis quand mes fesses aussi sont trop grosses ?

Irina se retourna et lui fit face, les mains sur les hanches.

En face d’elle, Elin portait sa serviette sur son épaule à la manière d’un vieux papy. Ses cheveux étaient détachés et s’éparpillaient sur son corps. Elle fixa la poitrine de Vivienne avant de soupirer.

— Ça t’amuse de jouer l’exhibitionniste, espèce de vache à lait ?

Sur ces mots, elle lui donna un coup de sa serviette humide dans les jambes avant de la pousser et d’entrer dans le bassin.

— Mais euh ! C’est un onsen, c’est normal d’être à poil.

— Les onsen sont interdits aux vaches, tu savais pas ?

— C’est méchant ça ! Elieli !!

Irina gonfla ses joues puis se jeta dans l’eau. Comme « par hasard », oubliant de suite les propos d’Elin, elle tomba contre le dos de Shizuka et sa poitrine s’écrasa dessus.

La pauvre fille se trouvait d’un seul coup prise en tenaille. Ses yeux devinrent des spirales, son visage rougit entièrement et elle balbutia des propos inintelligibles.

— Shizuka-san, vous allez bien ? ugeriez-vous également cette poitrine disgracieuse au point de vous donner la nausée ?

— J’pense plutôt que tu lui as fait mal en la cognant, Vivi-chan. Y a rien pour amortir. Haha !

Vivienne la snoba et tira Shizuka vers elle.

— Elle est en train de tourner de l’œil, il vaut mieux la sortir du bassin.

À son réveil, quelques instants plus tard, l’intéressée se trouvait couchée à côté du bassin à même la pierre tiède.

— Qu’est-ce qui… ?

— T’es tombée dans les vapes. Soit tu résistes pas à l’eau chaude, soit tu as un souci avec les nichons de Vivi-chan et d’Irina-chan.

— Kyaaaaaaaaa !!! Mais pourquoi tu… tu ne te couvres pas ?

Elin était accroupie à ses côtés. Sa serviette était toujours sur son épaule et ne cachait aucune partie intime.

— C’est un onsen, Shi-chan. Puis, t’es pas plus habillée que moi.

Prenant conscience du fait qu’on ne l’avait pas couverte, Shizuka cria et plongea dans l’eau jusqu’au nez.

— C’est pour ça que je voulais pas venir !!

— C’est votre idée, moi j’avais juste proposé d’aller manger un ramen.

À ce moment-là, la porte s’ouvrit.

Sortant des vestiaires, les filles de l’agence NyuuStore étaient là.

Immédiatement, le visage de Vivienne se décomposa, tandis qu’Elin grimaça brièvement. En face, les réactions étaient similaires : le visage joyeux et pervers de Jessica afficha son dégoût.

La chef de l’agence NyuuStore était enveloppée d’une serviette qui ne manquait toutefois pas de révéler ses courbes généreuses. Son physique contrastait en tous points avec celui d’Elin.

— Demi-portion ? Qu’est-ce que tu fous là ?! cria-t-elle en la pointant du doigt.

— C’est bon, je t’entends Jess. Je suis devant toi.

— Ça répond pas à ma question ?! Grrr !

— T’emballe pas, je suis aussi surprise que toi. Tu penses bien que j’ai pas envie de voir tes sales nichons devant moi.

— Mes sales… JE VAIS TE TUER !!

— Arrête de hurler, c’est bon.

Elin se tourna vers Vivienne, Irina et Shizuka.

— C’était l’idée de qui ?

Les filles détournèrent le regard. Jessica chercha la coupable parmi ses subalternes, qui imitèrent celles de Tentakool.

— OK, elles sont toutes complices. Bah, tant pis.

— Eh oh ! Prends pas cet air désolé en me regardant ! C’est moi qui suis désolée pour toi, planche à pain. Regarde-toi, t’es une ligne droite !

Jessica passa sa main devant Elin pour simuler ladite ligne, mais cette dernière l’observa sans émotion.

Finalement, Jessica prit une position hautaine, les mains sur les hanches en levant la tête.

— Alors, t’es pas en train de crever de jalousie face à mon nice body ? Hein ? Hein ?

Elle faisait exprès de faire remuer ses seins. Elin se contenta de tirer la serviette qui n’opposa aucune résistance.

— On ne porte pas de serviette dans les bains. Je sais que tu es une étrangère, mais tu as vécu ici assez longtemps.

Le corps de Jessica projeta comme une vive lumière aux yeux de Vivienne et Shizuka qui assistaient à la scène depuis le bassin.

— C’est…

— Nous restons sans mots…

— EEEHHHH ! D’où que tu me déshabilles, demi-portion ?!

Mais Elin ne l’écoutait plus et alla rejoindre ses filles.

Malgré toute son assurance, Jessica rougit. Il y avait une sorte de contradiction dans son visage. Elle voulait se cacher mais d’un autre côté, elle ne pouvait pas se le permettre puisqu’elle n’arrêtait pas d’affirmer à quel point ses formes étaient les meilleures.

Ce mélange de deux attitudes opposées lui donna un certain charme.

— Jessica, tu vas attraper froid, entrons donc dans le bassin.

Hakoto, également enveloppée d’une serviette, avait attaché ses cheveux en chignon. Sa beauté convenait naturellement à ce genre d’endroits. Elle aurait pu tourner dans une vidéo promotionnelle.

Elle avait pris pitié pour sa chef et lui avait donné un bon prétexte pour se cacher dans l’eau. D’une manière ou d’une autre, c’était souvent Jessica qui perdait face à Elin.

La serviette d’Hakoto avait également du mal à cacher ses formes.

« Jess, you’ll win! I know it! Fight!!! o(≧▽≦)o »

Un écran de smartphone était apparu dans le champ de vision de Jessica alors que Gloria s’appuyait contre son dos. Ses lunettes étaient embuées.

Jessica se crispa tandis qu’elle se mettait à saigner du nez ; les seins de Gloria étaient appuyés sur son dos avec juste une serviette pour faire barrière.

— Kof kof… Pour cette fois… on va dire que ça passe.

Un nouveau message de Gloria apparut devant ses yeux :

« Do I have to remove the towel, Jess? (・・ )? »

Le visage de Jessica devint encore plus rouge alors que des pensées sûrement perverses lui traversaient l’esprit. Mais alors qu’elle se sentait observée, elle croisa le regard d’Elin, aussi impassible que d’habitude et aussi froid qu’un glaçon coulant dans son dos.

— Jess, tout le monde va remarquer à quel point tu es une perverse si ça continue…

Comme pour la provoquer, Elin mit son pied sur le bord du bassin. Personne ne comprit le sens de cette action, mais l’intéressée blêmit alors que des larmes apparaissaient au coin de ses yeux. Cette erreur, elle la paierait le restant de ses jours.

Sans réfléchir, elle se jeta sur Elin et l’attrapa par les épaules.

— Tu vas arrêter avec ça ! Tu vas arrêter !!! Aaaahhh !!

— Jess… tu es en train de m’assommer… avec…

— Aaaaaaaaahhhhh ! Tais-toi !!!

Jessica la secouait d’avant en arrière et à chaque fois, sa poitrine heurtait la tête d’Elin, la martelant. Toutes assistaient à la scène avec des yeux écarquillées.

Finalement, se rendant compte de ce qu’elle venait de faire sous l’effet du stress, Jessica serra Elin contre elle et lui enfonça la tête dans sa poitrine pour la faire taire.

— Serait-ce…, commença la phrase Hakoto.

— … un étouffement mammaire ? conclut Shizuka.

— Incredible ! s’écria Gloria.

— Quelle idiote, notre Jessica…, ne put s’empêcher de marmonner Sandy en prenant son visage dans sa main.

— Faut que j’y pense la prochaine fois. Ça a l’air de fonctionner sur Elieli. Merci Jess, tu me sers de référence ! dit Irina en levant le pouce.

Mais Jessica n’avait cure des regards. Elle continuait de sermonner Elin qui était incapable de se dégager de cette étreinte mortelle.

***

Une fois toutes les huit dans le bassin, un peu plus au calme, des questions plus sérieuses furent évoquées.

Elin, qui était la seule à avoir mené le combat jusqu’au bout, leur expliqua ce qui s’était passé. Le récit était fidèle aux événements, mais elle occulta malgré tout l’aide reçue par « Dark Shizuka ».

— En résumé, le culte de l’Oeil d’Onyx est démantelé. En principe on ne devrait plus entendre parler de Vrexuh ou de la clef du temps puisqu’elle est repartie dans une autre époque. On ne peut pas être sûres qu’elle ne réapparaisse pas un jour, mais on ne peut rien faire contre de toute manière.

— À part peut-être laisser des indications aux futures générations de mahou senjo, dit Hakoto.

— Je me suis occupée de la paperasse, dit Elin. J’ai même demandé des vérifications à l’armée. Vrexuh n’a pas eu le temps de contaminer le noyau du mont Fuji, il se régénérera pas. On est tranquilles…

Jessica afficha une expression dubitative.

— Enfin… Tu fais jamais de paperasse, je suis sûre que t’as juste fait un rapport à Sugino et que tu lui as laissé tout le travail, non ? Sale fainéante !

— J’ai dit que je m’en suis occupée, j’ai pas dit que j’ai écrit un rapport de 100 pages non plus.

Un lourd silence s’imposa. Mis à part Irina, toutes jugeaient leur participation au combat dérisoire. Au final, c’était Elin qui avait tout fait. Personne ne formulait à haute voix cette opinion, mais elles la partageaient toutes tacitement.

— Tssss ! Vous êtes stupides. Ce combat, nous l’avons gagné ensemble. Vous me surestimez…

Elin posa ses bras sur le rebord du bassin et laissa tomber sa tête en arrière.

— Héhé ! C’est clair ! Chacun a fait du bon taff, pas vrai, Elieli ?

Les regards se tournèrent vers Irina qui, remarquant qu’on la dévisageait étrangement, se mit à chercher s’il y avait quelque chose de bizarre sur son visage.

— Puis bon, laisser Elieli avec un monstre à tentacules, c’est quand même pas mal risqué. J’ai lu un doujin où il lui arrivait de ces trucs ! Haha !

— Tais-toi, stupide vache à lait.

Elin allongea son pied et l’écrasa dans le visage d’Irina qui ne cessait de rire.

Shizuka et Hakoto se regardèrent, puis se mirent à rire à leur tour avec douceur.

— En tout cas, tu es encore pire que dans les livres, dit Shizuka. Quand j’ai lu l’appellation « Cinq Invincibles » dans les registres militaires, j’ai pensé que c’était exagéré, mais en fait, pas vraiment…

— Ouais, je sais, dit Jessica. Elle a un caractère au rabais, c’est une demi-portion sans la moindre poitrine, mais ses pouvoirs sont bien réels. Je suppose que la nature compense ce qu’elle n’a pas ailleurs…

— Personnellement, je ne pense pas que la poitrine soit importante. Elin-san est mignonne et vraiment incroyable. Elle arrivait à tenir tête seule à cette horreur ! C’était tellement romanesque, dit Hakoto en joignant les mains.

Jessica lui jeta un regard en coin exprimant son interrogation. On pouvait facilement lire dans ses yeux : « Elin, romanesque ? T’es folle ma fille ! ».

— J’avoue que c’est de la balle ton pouvoir de feu noir-machin, ajouta Sandy sur un ton viril.

— Ton pouvoir aussi est vachement cool, Sandy ! J’adore faire équipe avec toi ! Ma super pote ! Héhéhé !

Irina se rapprocha d’elle et passa son bras sur son épaule en toute camaraderie. Mais cette Sandy n’était pas celle qu’elle connaissait en combat, et elle la repoussa en lui jetant un regard noir.

— Qui t’a permis de me toucher, toi ?! Tu veux que j’te défonce ?

— Hein ? On n’est pas super potes ?

— Non !

— Allez ! Un peu de skinship pour raffermir notre potitude !

— Éloignez-moi cette folle ou je la tue !!

Irina essayait de lui peloter les seins, en toute amitié, tandis que Sandy la retenait tant bien que mal. Personne n’intervint pour aider la pauvre fille et à la place, la discussion se poursuivit. Ce fut au tour de Vivienne d’exprimer son opinion :

— Nous connaissions d’emblée la réelle valeur de notre chef, à quoi vous attendiez-vous d’autre ? Ce combat était couru d’avance, à partir du moment où Elin-san déclare avoir un plan, l’ennemi a déjà perdu.

Toutes furent surprises de la haute estime que tenait la noble Vivienne de sa chef d’agence. Shizuka ne s’était jamais rendu compte que Vivienne lui accordait une confiance si aveugle.

— Rahhhh ! Vous allez toutes vous taire, oui ? Je vous dis que sans votre aide, je serais morte. C’était pas mon combat mais le nôtre.

— Tu dis ça, mais t’étais la seule debout. Putain de monstre ! déclara Jessica en riant.

— C’est vrai que vous êtes sacrément monstrueuse, Elin-san, dit poliment Hakoto.

— Tu es aussi puissante que fainéante, ajouta Shizuka.

— Vous êtes lourdes. Si vous continuez, je me barre.

Elin soupira longuement.

— De toute manière, c’est pas bon de rester trop longtemps, ça fripe la peau. Je sors.

Jessica enroula sa serviette autour de son corps pour se cacher, mais, puisqu’elle était trempée et que le matériau collait à sa peau, cela la rendait presque plus érotique.

— Moi aussi, dit Hakoto.

— I didn’t understand, but I’ll follow Jess.

— J’ai la dalle du coup ! À la bouffe ! Yeah ! s’écria Irina en dépassant tout le monde.

— Nous ne voudrions point que notre beauté soit altérée par une trop longue immersion. Nous accompagnez-vous, très chère ?

Finalement, toutes, à l’exception d’Elin, se levèrent pour sortir.

— Je vous rejoins. Comme promis, je vous paie à manger…

— Quand as-tu promis cela ? demanda Shizuka.

— La connaissant, elle l’a fait quand nous étions inconscientes, dit Jessica en la regardant de haut. Elle aime bien faire ce genre de truc pour avoir l’air classe…

Shizuka était plutôt sereine, pour une fois.

Bien sûr, ses doutes et ses craintes ne l’avaient pas quittée, mais elle n’y pensait plus en cet instant. C’était la première fois qu’elle était entourée d’autant d’amies avec qui elle menait une activité normale.

Cette fois, ce n’était pas qu’Hakoto et elle.

Elle sourit, oubliant les horreurs des derniers mois, et réalisa que dans son esprit, ses collègues étaient devenues ses amies. Elle ne vouvoyait même plus Elin.

— Survivre à une situation de vie et de mort… c’est donc ce que ça implique…, pensa-t-elle.

Alors qu’elle allait passer la porte des vestiaires, elle rougit et avoua :

— Je… je suis vraiment contente que ça se soit bien fini. J’ai vraiment eu très peur lorsque j’ai vu Jessica-san tomber. Puis… Puis, c’était vous toutes… C’était horrible, j’ai eu…

Elle n’arriva pas à finir sa phrase. Les larmes coulèrent de ses yeux et elle se mit à sangloter. Avec une semaine de retard, son inquiétude se manifestait à cet instant.

La main de Jessica se posa sur sa tête :

— Désolée de t’avoir inquiétée. Les événements sont allés un peu vite, mais, pour votre sécurité à toutes, je tâcherai à l’avenir de prendre plus soin de mes blessures.

Elle leva le pouce et lui fit un clin d’œil.

Hakoto et Vivienne s’approchèrent chacune d’un côté de Shizuka et lui prirent une main. Elles se jetèrent des regards de défi par-dessus son épaule.

—  Tu es trop gentille, Shizuka-chan. C’est pour ça que je t’adore.

— Nous pensons de même. Votre cœur est empli d’une sincère générosité et amabilité, des vertus appréciables, à n’en point douter.

— Ouais… mais… mais… je… Ouinnn !!

Jessica leur confia Shizuka en pleurs et s’en alla se changer en saluant de la main. Elin soupira.

— Faut vraiment que tu pleures tout le temps… Pfff !

Elle fixa le plafond en écoutant les sanglots de sa nouvelle recrue.

***

Les filles avaient enfilé leurs yukata et avaient quitté le vestiaire pour se diriger vers la reconstitution de village où se trouvaient les multiples boutiques.

Lorsque Elin sortit à son tour du bassin et mit son vêtement, elle remarqua la baguette magique de Shizuka dans un panier voisin.

— Quelle tête en l’air, celle-là…

— Depuis qu’elle peut me téléporter dans sa main, elle n’y fait plus attention, dit Yog-kun à cet instant.

— Faut croire…

Elle prit la baguette et quitta le vestiaire en remerciant l’employée qui avait attendu leur sortie pour rouvrir le bassin au public.

Elle remarqua les filles à distance : ces dernières s’étaient arrêtées devant une boutique de souvenirs.

— Tu vas le lui dire quand, Elin ?

— Elle est trop fragile pour le moment, faut que j’attende encore. Déjà qu’elle a du mal à encaisser le reste.

— Tu sais que tu prends un risque en attendant ? Si elle l’apprend dans de mauvaises circonstances…

— Dans un tel cas, je compte sur toi pour lui expliquer. Tu es son familier, non ?

— Ah ! T’es vraiment pas une fille évidente, toi. Enfin bon, je plaiderai en ta faveur en tout cas.

— Merci.

Tout en discutant avec Yog-kun, elle rattrapa le groupe.

— À partir de demain, on reprend l’entraînement. Tu m’as vraiment montré des choses intéressantes pendant ce combat…

— Hein ? L’entraînem…

— Ne pense à rien aujourd’hui, nous en reparlerons demain, Shi-chan.

Alors que l’intéressée affichait des yeux interrogateurs et inquiets, elle fut saisie par les bras et amenée à un stand voisin par Gloria.

— Help me ! répétait-elle.

Jessica se rapprocha d’Elin, à nouveau seule.

— Les yukata, ça donne vraiment rien sur les femmes à gros seins.

— Comme si ça convenait aux enfants ?! Tssss ! T’es pas croyable à balancer des trucs stupides comme ça ! En plus, je te connais, tu portes même pas de sous-vêtements là-dessous.

— C’est la règle des yukata, c’est normal.

— Dans les animes, ouais ! Eh ! Arrête de te gratter les fesses comme ça, on voit tout, imbécile !!!

En observant ces huit filles, personne n’aurait pu penser qu’elles avaient quelques jours auparavant sauvé Kibou d’une menace majeure.

Les renforts ne seraient jamais arrivés à temps. Vrexuh aurait ravagé le pays, sans aucun doute. Peut-être qu’au prix de lourds sacrifices, d’autres mahou senjo l’auraient vaincu, mais il aurait laissé Kibou démuni et en proie aux assauts d’autres Anciens.

— Quel pouvait être le rôle d’Hastur dans toute cette affaire ? pensa Elin.

Même si tout cela paraissait être bien loin derrière elles, rien n’était fini.

À l’aube de nouveaux conflits et suite à la révélation d’un nouveau Puissant Ancien, tout ce que l’on pouvait voir dans cet onsen était un groupe de jeunes femmes en train de s’amuser.

Fin – Tome 4 – À suivre